La kersantite ou granite de Kersanton, seule roche
qui ait un nom d’origine bretonne. En effet le nom de kersantite vient du
village de Kersanton, village proche de Brest où cette roche était exploitée
jusqu’à une époque très récente. Elle était utilisée pour la fabrication de
nombreuses sculptures et en particulier des croix, des calvaires, des statues
religieuses, des pierres tombales, des monuments aux morts.
Il s’agit d’une roche filonienne de couleur sombre
gris vert très foncé, les sculptures en kersantite se marient très bien avec le
granite qui a lui une couleur beaucoup plus claire qui va dans son aspect
général du blanc crème au gris clair ou encore au rose.
Un exemple de ce mariage entre les deux roches est
présent dans le décor des portails de la cathédrale de Quimper . Les dais
des niches des saints sont réalisés en kersantite ainsi que certaines statues,
le reste est de granite à grain fin crème, on remarque d’ailleurs que la
kersantite résiste mieux à l’érosion que le granite et les sculptures dans ce
matériau, une fois nettoyées, paraissent neuves.
Granite de Kersanton, parce que comme le granite il
s’agit d’une roche grenue, la racine du mot granite est grain.
L’intérêt de la roche en sculpture est lié à la propriété suivante
: nouvellement extraite de la carrière la kersantite est facile à tailler, mais
plus la roche est exposée à l’air plus elle durcit et devient résistante à
l’érosion. Cependant, cette propriété n’est pas réservée à la seule Kersantite
et elle est assez générale, c’est le cas aussi des schistes ardoisiers ainsi
les fendeurs d’ardoises quand ils veulent débiter des blocs anciennement
extraits les font tremper dans l’eau pour faciliter le travail (dans la région
de Carhaix après la fermeture des nombreuses carrières et mines d’ardoises dans
les années 1970 les fendeurs pour terminer leur vie professionnelle jusqu’à
l’âge de la retraite se sont convertis en artisans pour exploiter pour leur
propre compte les grands tas de blocs de schistes, ceux-ci impropres à la
taille d’ardoises fines seront alors utilisés pour produire des ardoises rustiques
et des bleues épaisses).
Comparaison entre le granite et la kersantite, toutes
les deux sont des roches éruptives, c’est à dire qu’elles se sont formées à partir d’un magma
(un liquide de température relativement élevée et soumis à une forte pression),
le refroidissement et la baisse lente de pression ont permis la cristallisation
du magma, ce qui fait que les deux roches sont grenues et leurs grains sont des
cristaux. Tous deux renferment du feldspath (cristaux blancs ou crème) et de la
biotite (mica noir) cependant la présence de mica n’est pas nécessaire pour
qu’une roche soit du granite, c’est l’abondance de la biotite dans le granite
qui avec le quartz gris translucide va faire qu’il va être plus ou moins
sombre, des microgranites (grains microscopiques) paraissent gris foncé parce
qu’ils contiennent beaucoup de biotite.
Cathédrale de Quimper statue
en Kersantite.
Les différences : les granites sont des roches
claires, les kersantites sont des roches foncées.
La différence de couleur des roches éruptives est
liée à une différence des magmas. Le clair est la marque des roches peu denses
provenant d’un magma superficiel et acide (riche en silice et silicates). Le
foncé quant à lui indique un magma basique dense et d’origine profonde, riche
en fer et minéraux très denses.
Portail principal de la cathédrale de Quimper
Dais en kersantite Rappel : notre planète
a passé par l’état liquide, ce passage liquide n’est possible que pour les
objets célestes suffisamment volumineux, les forces gravitationnelles et
l’énergie interne liée à la radioactivité produisant la fusion des matériaux
dépendent de la masse de l’astre.
C’est le passage par l’état liquide qui a donné sa
forme sphérique à
Le magma clair, quand il monte vers la surface, donc
soumis à une baisse de température et de pression, devient de plus en plus
pâteux et finit généralement par se solidifier sans atteindre la surface :
c’est le cas des granites et quand il atteint
la surface à l’état liquide, il donne la ryolite.
Inversement, les magmas sombres qui sont maintenus
solides en profondeur essentiellement par la pression, deviennent de plus en
plus liquides à mesure qu’ils remontent et très souvent ils atteignent la
surface à l’état liquide. Il en résulte que, refroidis brutalement, ils sont
souvent peu cristallisés : c’est le cas du basalte.
Les processus de formation étant très différents et
les sources des magmas étant très éloignées l’une de
l’autre, les magmas sombres et les magmas clairs ont peu de chance de se
rencontrer. Cela se produit cependant, et dans la pâte de certaines roches
sombres, on trouve des feldspaths et des feldspathoïdes qui sont des minéraux
des magmas clairs.
Dans les kersantites on trouve des cristaux
d’olivine ou leur fantôme, l’olivine est un minéral des magmas basaltiques,
montrant l’origine éruptive, on remarque aussi l’abondance de la chlorite,
minéral vert, mica hydro-oxydé caractérisant des transformations
hydrothermales.
La formation comme pour le granite la mise en place
de la kersantite est liée à la tectonique des plaques. Le Massif Armoricain
s’est formé par la rencontre de deux plaques, c’est ce qui explique la
différence de géologie entre le nord et le sud. Dans le nord, le granite est
réparti par massifs isolés, dans le sud le granite est réparti en massifs
parallèles à un axe de la pointe du Raz à la région d’Ancenis et le massif
granitique d’Allaire fait partie de cet ensemble.
Le mouvement des plaques génère des forces
tectoniques qui jouent sur la pression et la température, responsables du métamorphisme
général, suivant l’amplitude du mouvement et la distance de l’axe du
phénomène : les températures et les pressions sont faibles au plus loin et
fortes au plus près, les transformations des roches vont de faibles à
l’extérieur à élevées à l’intérieur. Dans l’axe, température et pression sont
suffisantes pour produire une fusion totale des roches concernées, ce qui donne
à partir des roches continentales du magma granitique. Ce liquide peu dense a
tendance à se déplacer et à remonter vers la surface. Les roches granitiques
sont les conséquences du métamorphisme général. La mise en place des
kersantites de la région brestoise est contemporaine de la formation du massif
granitique du Huelgoat ; ce sont des effets de la même phase de métamorphisme
général.
La documentation géologique concernant la kersantite
est rare, c’est une roche très peu fréquente, contrairement au granite.
Le Derout J